Il fait si froid, tout au bout de mes pieds.
Sous mes orteils engourdis la terre est vivante,
Tout palpite.
Un humus boueux tapisse mes chevilles,
Mes mollets s’entrecroisent, se mêlent,
Mes genoux sont cagneux, mes cuisses torturées,
Mes jambes noueuses se frayent mille chemins.
Ma sève erre…
Plus elle remonte, plus elle se réchauffe,
Et soudain, une lueur.
Là ! le sol, et mon dos,
Mon ventre aussi, mon tronc en somme.
Bien posé sur mes hanches, je m’étire.
Ma peau est rugueuse et si douce à la fois.
Une bise vient caresser ma poitrine,
Je respire.
J’ai les épaules larges, je crains si peu choses.
Je tiens mes bras en l’air, je veux toucher le ciel.
Je joue des coudes avec moi-même,
Mes poignets s’abandonnent.
En haut de mes paumes mes doigts se dispersent,
Chacune de mes phalanges oscille dans la brise.
Je touche le soleil,
J’ai atteint la lumière…
Il fait si chaud, tout au bout de mes mains.
© 2023 – Marion Remy – Toute reproduction interdite sans l’autorisation de l’auteure.
