I comme Injures

Injures, insultes, gros mots, verbe fleuri, peu importe la façon de les désigner les faits sont là, je ne suis pas la reine du langage châtié. Non pas que je passe mes journées à jurer comme un charretier, mais il m’arrive assez régulièrement de laisser s’échapper de ma bouche, parfois même à mon insu dans une sorte de réflexe de survie, quelques expressions relativement imagées. Pas question ici de culpabiliser mais au contraire, de tenter de comprendre les fondements de cet étrange phénomène irrépressible et salutaire. En effet, il y a dans ma pratique de l’injure comme une thérapie immédiate, un soulagement spontané inexplicable. Comme si le fait de ponctuer très vulgairement mes ressentiments en atténuait en partie les effets néfastes. Je m’explique. Prenons l’un des meilleurs terrains d’expérimentation en la matière, les embouteillages d’une grande ville, parfait creuset de l’irrespect et de la discourtoisie. L’isolation phonique de l’habitacle de mon véhicule en facilitant grandement la pratique, voilà bien l’endroit idéal pour m’adonner quotidiennement à l’usage de l’invective. Grace à un éventail de grossièretés appropriées, je circule dans les bouchons avec la quasi-certitude d’arriver sereine à destination, me déchargeant au fur et à mesure et en toute impunité de chacune des tensions rencontrées. Il en va de même pour toute autre situation désagréable de ma vie quotidienne qui trouve souvent à s’apaiser via ma verve poétique. J’ai bien tenté de refreiner cette sale manie mais force est de constater que les “plouc”, “saperlipopette”, “sacripant”, “morbleu” et autres “scrogneugneu”, n’ont en aucun cas l’efficacité d’un bon gros… enfin bref. J’ai toutefois quelques regrets de ne pas avoir pris le réflexe d’utiliser certains des gros mots de ma grand-mère adorée qui, dans ses rares accès de colère gratifiait ses victimes désignées d’un “vieux cul” ou d’une “pute borgne” dont elle seule avait le secret.

 

H comme Haricots <– –> J comme J’ai fini !

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