J comme J’ai fini !

Prétendre qu’être parent est le plus beau métier du monde est un mensonge éhonté. Au risque de m’attirer les foudres de certains, je ne reconnais vraiment pas à mon rôle de mère de m’avoir épanouie. Cela ne m’empêche pas d’être extrêmement fière des hommes merveilleux que sont devenus mes fils, preuve que je n’ai peut-être pas totalement failli à ma tâche. Mais parmi les diverses et laborieuses étapes de l’éducation de ma progéniture adorée, il en est une qui m’a tout particulièrement traumatisée. C’est cette phase située juste après celle dite de “la propreté”, lorsque les enfants sont capables de demander à aller aux toilettes, mais pas encore de s’essuyer. Où, par sécurité et eu égard au confort de chacun, je demandais à être appelée afin de gérer moi-même chaque fraîche production. C’est donc lors de cette enrichissante période que mes journées se sont vues ponctuées de quantités de “J’ai fini !” pressants, hurlants, chantants et provenant de WC restés entre-ouverts. Je suis en train de manger : “J’ai fini ! “, je suis au téléphone : “J’ai fini ! “, je m’assoupis : “J’ai fini !”, je converse avec mes invités : “J’aiii finiiii !”. Comment leur en vouloir, surtout lorsque volant à leur secours, je les retrouvais sur le trône tels que je les y avais posés, les pieds ballants dans le vide, le visage illuminé par la fierté d’avoir accompli leur mission. Tout aurait été parfait si un petit détail pervers ne s’était s’immiscé dans ce tableau. Associant ces multiples appels à l’aide aux incontournables “colorama” et “odorama” s’y rapportant, leur fréquence a fini par me déclencher une sorte d’angoisse pavlovienne. Telle la sonnerie fantôme d’un portable, cette petite phrase anodine s’est mise à me hanter au point d’en rêver la nuit et de l’entendre même lorsque j’étais seule. Il est heureux que grandissant, mes fils aient fini par gérer eux même ce petit détail pratique, sans pour autant que cela n’ait altéré la douce saveur de la grande aventure du reste de leur croissance.

 

I comme Injures <– –> K comme Kouign’amann

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