Lettre à Fany

Soldat

Mon cher amour, je vous écris
De notre nouveau campement.
Après de longues heures de marche,
Avons posé nos paquetages.

C’est à l’approche de la nuit,
Et pour le ravitaillement,
Que sous un pont, au pied d’une arche,
Nous avons pris le marécage.

Ainsi, au clair d’une bougie,
Me voilà à vous, tendrement
Vous rejoignant sur cette page,
Qui, telle un cordon, nous rattache.

N’ayez pas peur, ne craignez rien,
Je tiens à vous comme à la vie.
Je vous ai fait une promesse,
Pourvu que ces mots vous consolent.

Mais de tranchées en souterrains,
Je vois tomber bien trop d’amis,
Pourrez-vous faire dire une messe?
Car cette folie me désole.

Ma tendre et douce, il le faut bien
Que je vous laisse. Sachez qu’ici
Je vais très bien, mais il me presse
De vous embrasser. Votre Paul.

 

© 2015 – Marion Remy – Toute reproduction interdite sans l’autorisation de l’auteure.