Mon rocher

Calanque

J’ai grandi près d’ici, ce rocher m’appartient,
J’y vais quand il me manque, par envie, par besoin,
Quelle que soit la saison, quelle qu’en soit la raison,
Les grands jours de tempête, de forte dépression.
La route est difficile, le chemin escarpé,
Mais j’ai trouvé mon île, un lit où méditer.
Dans le creux de ma pierre, mon refuge de calcaire,
Narguée par les embruns qui n’en ont rien à faire.

Tout là-haut dans les airs, le moral sous la terre,
Je m’adresse à la mer, aux moutons, aux galères.
Les yeux plongés dans l’eau, je noie mes idées noires,
Au plus froid de l’hiver, en été certains soirs,
Dans mes cheveux le vent joue avec mes pensées,
Goût du sel à ma bouche en un geste effacé,
Me rappelle ces larmes qui, au lieu d’un vacarme,
Ont répondu, muettes, à défaut d’autres armes.

Longtemps aux éléments j’ai confié mes ennuis,
Pour ne pas pleurer, j’ai même bravé la pluie.
Pourtant aujourd’hui je n’y viens plus si souvent,
Dans mon jardin secret usé par le temps.
La vie m’a appris à cacher au fond de moi,
À avoir dans le coeur un rocher, un endroit,
Où je puise la force d’apaiser mes colères,
Où je trouve la paix sans aller voir ma mer.

 

© 2015 – Marion Remy – Toute reproduction interdite sans l’autorisation de l’auteure.