V comme Velours côtelé

Bien malgré moi, mode des années 70/80 oblige, j’ai porté de nombreux habits en velours côtelé. Non pas que cela me dérangeait puisque c’était à la mode, seulement à l’image de certains objets avec lesquels nous avons trop cohabité, l’abondance de la présence de ce tissu dans mon enfance m’a déclenché un sorte d’aversion, doublée d’un rejet esthétique. De surcroit, les “pattes d’eph” étant de rigueur à l’époque, la surface de matière exposée à mon regard n’en n’était que plus développée. Effet de mode peut-être encore, la variété des coloris proposés était pour le moins… déprimante. Ainsi ai-je eu la chance de posséder un pantalon miel, un beige, un vieux rose, un bleu nuit… Fait rare, j’eus même une robe lie de vin que ma maman, qui rêvait de me voir habillée en fille, me supplia de porter LE jour de la rentrée scolaire. Mon contrat moral respecté à la lettre le jour J, la pauvre robe ne quitta plus jamais mon placard. Mais cette étoffe ne s’invita pas uniquement dans les garde-robes. Dans des déclinaisons parfois douteuses, nous la rencontrions aussi dans l’ameublement et la décoration d’intérieur. J’en veux pour preuve ces doubles rideaux, abats jours, coussins et autres housses pour téléphones à cadrans que nous avions le bonheur de voir fleurir dans certains foyers. Le logis familial n’échappant pas à la règle, c’est non pas un, mais deux canapés en velours que nous possédions. Le premier marron chocolat à côtes fines ornait notre salon, le second, orange saumon à grosses côtes était dans le bureau. Force est de reconnaitre que le contact douillet de ce dernier était inégalable. Il n’en n’est pas moins vrai que le fait de voir discrètement réapparaitre ce tissu dans la mode actuelle n’est pas sans me donner quelques sueurs froides car, bien que je puisse certifier formellement que je ne porterai jamais plus de pantalon en velours côtelé, deux coussins bleu canard en velours lisse ont récemment fait leur apparition sur mon canapé, un comble !

 

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